Non classé

FANUC, UN POINT SUR LA ROBOTIQUE MONDIALE ET… HEXAGONALE

L’image de la robotique industrielle
change progressivement dans notre
pays qui se doit de rattraper le retard
accumulé dans l’équipement de ses
entreprises. C’est en direction des
PME que doivent porter les efforts
d’évangélisation, à l’heure où la
robotique collaborative bouleverse
les rapports de l’homme à la
machine.

C’est Jean-Hugues Ripoteau Président de Fanuc France et Vice-président de Fanuc Europe qui a accepté de
répondre aux questions de Manufacturing.fr,
afin d’expliquer les profondes transformations
qui affectent la robotique. Le fonctionnement
en collaboration avec l’opérateur est au cœur
des préoccupations mais il ne doit pas masquer
d’autres développements technologiques
tout aussi importants pour l’Industrie du Futur,
comme la vision industrielle ou l’intelligence
artificielle.

Parlons des chiffres du marché mondial de la
robotique, l’Industrial Federation of Robotics
est optimiste, qu’en pensez-vous ?

L’optimisme de l’IFR est comparable au nôtre. Le
marché de la robotique est en progression
importante partout dans le monde : au Japon,
aux Etats-Unis et en Europe mais surtout, en
Chine.

Aujourd’hui, les entreprises chinoises ont besoin
d’accroître la qualité pour exporter des produits
en adéquation avec les marchés européens et
américains. Et en complément de cette
recherche de qualité, on peut ajouter que les
Chinois ne veulent plus accomplir des tâches
harassantes ou abrutissantes. Ils veulent profiter
de la vie comme nous autres Européens. Ces
deux éléments expliquent que le marché chinois
connaisse une forte progression.

Il s’est vendu à peu près 70 000 robots en Chine
cette année et on estime qu’il s’en vendra entre
400 000 et 500 000 dans les trois ans à venir.
En Europe, ce sont les PME qui sont en train de
se robotiser de manière massive, comme aux
Etats-Unis. Outre-Atlantique, il y avait beaucoup
de robots dans l’automobile et l’agroalimentaire
mais ailleurs, la plupart des tâches étaient
encore manuelles et c’est là précisément que
s’effectue le passage vers la robotisation.
Chez Fanuc, nous avons une progression qui est
bien maîtrisée puisque nous avons vendu autour
de 85 000 robots cette année et on estime que
notre capacité de production en 2018 atteindra
quelque 135 000 unités.

Le marché français comble partiellement son
retard mais il faut remarquer que les pays voisins
dont les acteurs industriels sont des concurrents pour les entreprises françaises, font aussi des
efforts en matière de robotisation. On vend
donc plus de robots en France mais le retard par
rapport à l’Allemagne et à l’Italie voire à
l’Espagne, ne se rattrape pas réellement.
L’exemple de l’Espagne est significatif puisque ce
pays intègre chaque année, plus de nouveaux
robots industriels que la France.

Il convient donc de renforcer le lobbying réalisé
en direction des PME pour faire comprendre que
la robotisation est une solution simple qui
s’adapte parfaitement à leur métier. Cela étant,
je reste optimiste puisque la robotique
collaborative se développe massivement en
France. Pour preuve, on peut souligner qu’un
acteur majeur de cette technologie a vendu 400
bras de ce type, ce qui représente 8 % de parts
de marché en France, ce qui est notable. Cela
montre l’engouement pour une robotique qui se
programme facilement, présente des
caractéristiques de modularité et de flexibilité
puisqu’on peut facilement déplacer les
équipements d’une machine à une autre. Cela
convient bien à la fabrication de petites séries
qui intéresse directement les PME.
C’est donc à mon sens, l’arrivée de la robotique
collaborative qui va permettre de développer
réellement cette technologie en France.

On parle d’Industrie 4.0, d’Industrie du Futur,
de flexibilité totale… les robots actuels sont-ils
adaptés à ces objectifs ?

Les robots Fanuc sont tout spécialement en ligne
avec les buts poursuivis par les évolutions
industrielles en cours. Nous avons développé des
systèmes appelés ZDT pour zero downtime et
Field System qui permettent aux robots de
mieux communiquer avec leur environnement et
de remonter des informations techniques vers un
serveur.

Par ailleurs, selon la manière dont une cellule est
conçue et si elle a été l’objet d’une étude
poussée, il est possible de simuler son
comportement dans un jumeau numérique. Pour
cela, on va exploiter le modèle CAO en injectant
le fichier contenant le nuage de points dans le
logiciel de simulation Fanuc Roboguide. Ça se
pratique déjà de manière intensive dans
l’industrie automobile où l’on télécharge les
programmes pour lancer plus rapidement une
production.

Il faut aussi évoquer le contrôle-commande qui
doit obligatoirement s’appuyer sur un
environnement logiciel dédié à la robotique, et
qui demande beaucoup de développements. On
pourra évidemment utiliser des contrôleurs
simplifiés pour accomplir des tâches s’appuyant
sur des fonctions de base. En revanche, lorsqu’il
s’agit d’intégrer de la vision industrielle, de la
communication, éventuellement des systèmes de
type zero downtime, il est indispensable de
s’appuyer sur un contrôleur performant dont le
pilotage est parfaitement maîtrisé.

Prenons un exemple simple… aujourd’hui, les
robots sont pratiquement équipés en standard
de dispositifs de vision, tout comme les fonctions
de capteurs d’effort qui permettent de mieux
maîtriser le fonctionnement et les contraintes
supportées par le préhenseur. On peut imaginer
qu’à terme, les robots pourront
s’autoprogrammer en opérant une analyse de leur
environnement avec un capteur laser. Mais il faut
pour cela, disposer d’une capacité de calcul
extrêmement importante tout en s’assurant que
le logiciel a la capacité d’effectuer les traitements
en temps réel. Et c’est sans parler de la robotique
collaborative qui elle-même, apporte ses propres
exigences en matière de puissance de calcul…
On va donc aller, vers des robots de plus en plus
simples à utiliser et qui par conséquent, seront de
plus en plus puissants et donc, qui nécessiteront
des contrôleurs de plus en plus complexes offrant
des niveaux de calcul extrêmement élevés.

Nous avons passé un accord de partenariat avec
nVidia autour de l’intelligence artificielle puisque
par exemple, la robotique collaborative va
nécessiter dans le futur, des capacités de prise de
décision et d’arbitrage qui n’existent pas encore.

Est-ce que Fanuc prévoit de s’associer avec
une autre entreprise voire, de recourir à la
croissance externe pour se développer ?

Ce n’est pas dans la culture de l’entreprise. Fanuc
est une société dont le cœur de métier reste les
asservissements, domaine dans lequel les
développements sont réalisés en interne. Nous
avons investi pratiquement 3 milliards d’euros en
trois ans en R&D.
Dans le domaine du logiciel, la situation est
différente puisqu’il y a des savoir-faire
radicalement différents – nous parlions
précédemment de l’intelligence artificielle – pour
lesquels il est nécessaire de travailler rapidement
avec des entreprises capables d’accompagner
nos développements.

Pour l’année 2018, notre effort va par exemple, se
porter sur le robot collaboratif d’une capacité de
15 kg qui permet de combler un segment de
marché sur lequel nous n’avions pas encore de
réponse adaptée. Et puis, il y a le système Field
qui permet d’avancer dans la voie de l’Industrie
4.0. Nous allons nous mobiliser pour aider nos
clients à franchir ce pas important.

Ces articles peuvent vous intéresser :