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Quatre questions à Rombaut Keta, Directeur général de Beckhoff Automation France

La filiale hexagonale du spécialiste de l’automatisation sur base PC fête ses 10 ans d’activité. Son dirigeant revient sur une décennie de progression constante et d’innovations technologiques et dessine l’avenir du groupe et de l’entité française pour les années à venir.

10 ans après les débuts de Beckhoff France, vous êtes satisfait du chemin parcouru ?
Beckhoff Automation France est née le 22 décembre 2004, mais l’activité commerciale a démarré effectivement le premier février 2005, d’abord à Ris Orangis et, très vite, à Villebon-sur-Yvette. L’offre produits était déjà vaste, avec TwinCAT, les Entrées/Sorties, des PC Industriels, et aussi des moteurs et variateurs. Jeambrun Automation était chargé de les distribuer en France, mais face à ses difficultés à développer la carte, Hans Beckhoff m’a demandé de monter une filiale française. C’était un vrai pari ! A l’époque, les Automates et Cartes d’Axes sur base PC étaient encore rares dans l’industrie ; c’était le règne des automates « purs et durs ». Les concepts proposés par Beckhoff ont très vite séduit. D’ailleurs, la première année s’est terminée par un chiffre d’affaires proche du Million d’Euros, pour une équipe de Trois dans l’entreprise. Depuis nous ne cessons de croître et, le plus important, nos premiers clients nous font toujours confiance.

Qu’est-ce qui a fait ce succès ?
L’attrait majeur de Beckhoff est sa technologie, qui repose sur quatre piliers. D’abord TwinCAT, Automate, Contrôle d’axes et Commande numérique logiciels, le cœur de notre technologie, utilisable avec les principaux bus de terrain du marché. Ensuite, l’utilisation de PC Industriels pour toutes les fonctions d’automatisme, les Entrées / Sorties « universelles » sur bus, solution plus ouverte que les propositions concurrentes, et enfin le Motion, basé sur des variateurs sans carte d’axes intégrée, pilotés par TwinCAT avec des possibilités et des performances remarquables.
Le bus utilisé pour fédérer les différents produits est EtherCAT, « très belle solution technique » à l’ouverture, aux performances et à la stabilité reconnues. Actuellement, les fournisseurs tiers de Contrôleurs Maîtres, de Variateurs et d’E/S qui l’ont choisi se comptent en centaines.
L’aspect le plus important est l’abstraction. Cartes d’axes, automates, régulations, commandes numériques, boîtes à cames, tout ce qui existe en hard, on peut le faire en soft ! Cela simplifie les architectures et garantit leur évolutivité.

Quelles seront les technologies de demain pour Beckhoff ?
Depuis sa création, le groupe ne s’est jamais trompé en termes de choix technologique. Pourtant ce n’était pas gagné… Les technologies de demain, nous les proposons déjà. Par contre, l’avenir passera par un rapprochement des mondes de l’IT et de l’automation. Sur le plan matériel, cela s’est fait de façon relativement naturelle ; pour le reste, c’est plus long. Il faudra que l’on conçoive les applications d’automatisme comme on conçoit les applications informatiques. Les approches UML, modélisation orientée objet et la Programmation orientée objet (POO) seraient un grand pas. Il faudra penser les fonctions machines en termes d’objets.
La technologie va aussi progresser. L’an dernier, nous avons dévoilé un PC à 36 cœurs. En 2020, nous aurons sans doute des machines à 128 cœurs. Cette puissance de calcul supplémentaire permettra d’intégrer encore davantage de fonctions dans le PC. Pour notre part, nous sommes déjà dans cette dynamique en agrégeant sans cesse de nouvelles disciplines et de nouveaux composants dans TwinCAT. Et avec la la mise sur le marché d’une solution mécatronique révolutionnaire, XTS (eXtended Transport System), les Servomoteurs OCT (One Cable Technology), la nouvelle gamme de variateurs ultra rapides AX8000, Beckhoff s’affirme comme spécialiste dans le Motion.
Chez Beckhoff, nous restons également attentifs aux nouvelles technologies et à leurs applications potentielles dans l’industrie. Les lunettes connectées constituent une piste intéressante. Nous avons déjà développé des démonstrations utilisant ces appareils. Le cloud constitue aussi une technologie clé pour l’avenir et notre technologie s’y prête parfaitement.

Comment envisagez-vous les dix prochaines années ?
Entre 2005 et 2014, le groupe Beckhoff est passé de 151 millions d’euros de chiffre d’affaires et 661 personnes à 500 millions d’euros, pour un effectif de 2800 personnes. Désormais, nous sommes tous concentrés sur le prochain objectif : dépasser le milliard d’euros en 2020. Beckhoff est d’ores et déjà reconnu pour sa capacité technologique ; il nous reste encore à montrer que nous pouvons devenir une entreprise de taille importante. C’est très bien parti puisqu’il suffirait d’une croissance inférieure à celles que nous avons connues depuis la création du groupe pour y arriver. Une chose est certaine, Beckhoff restera une entreprise familiale.
En France, nous visons les 10 millions d’euros en 2015 et nous sommes en bonne voie pour y parvenir, avec une répartition idéale des ventes entre les PC, les E/S et le Motion, preuve que nous proposons une solution globale. Nous irons sans doute explorer d’autres marchés comme la mesure, le bâtiment ou les infrastructures, mais le cœur de notre clientèle reste les constructeurs de machine. Ils sont encore nombreux dans notre pays, à avoir des savoir-faire pointus et ce sont eux qui tirent les progrès techniques. Dans l’immédiat, nous préparons 2016. Cette année, nous avons lancé cinq recrutements. Nous poursuivons notre implantation au plus près des clients. Après l’agence Sud-Est en 2012, un bureau technique dans l’Est en 2013, nous ouvrons une agence dans l’Ouest, à Nantes, en juillet, puis dans l’Est de la France à la fin de l’année.

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