Robotique

La mécatronique s’invite hors des sentiers battus

Le rendez-vous européen du Manufacturing
Execution system s’est tenu le 4 juin dernier à Paris. L’occasion pour les
industriels de partager sur les problématiques clés du domaine lors de
conférences, mais aussi de participer aux « Speed Business Ateliers »
organisés en fin de journée.

 

En
complément des conférences et de l’espace de démonstration, les assises du MES
se sont clôturées cette année sur neuf « Speed Business Ateliers ». Sur
neufs spots thématiques disposés au milieu de l’espace d’exposition, au cours
de trois sessions de 15 minutes animées par deux fournisseurs, les industriels sont
venus s’informer et partager leurs expériences sur des sujets « chauds »
du domaine. Au programme : MES, choix site ou choix groupe ; le cloud
et le SaaS ; Projet MES, un projet IT ?; industrie 4.0 ; le BI
au niveau MES ; l’approche PME : MES et mobilité ; la conduite
du changement dans les projets MES et le MES dans un atelier manuel.

 

Des contraintes variées…

Le spot 7
s’attardait sur le thème « MES et mobilité », animé par Philippe
Allot, d’Ordinal software et Rémy Vernet, de Dassault Systèmes. Afin de sonder
les industriels de tous secteurs sur l’usage des outils mobiles dans leurs structures,
les deux animateurs avaient préparé une grille de questions simples :
Avez-vous ou comptez-vous utiliser des outils mobiles dans votre
entreprise ? Dans quel but ? Dans de cadre de l’exploitation ou pour
le management ? Avec quel type d’appareils ? Dans le cadre d’un accès
aux données online ou offline ? Avec l’aide de quel type d’acteur
(éditeur, intégrateur, etc.) ? Sur une base de MES installée ou dans le
cadre d’une nouvelle implémentation ?… Autant d’interrogations qui
permettent de construire une image assez fidèle des besoins réels des
industriels et des capacités des outils existants à y répondre.

Résultat de
ces sondages express : d’abord, la mobilité est déjà présente dans
certaines entreprises. D’après Rémy Vernet, de Dassault Systèmes, « il y a
deux ans on n’avait aucun utilisateur sur du mobile.  Actuellement, on en compte plusieurs milliers ».
Chez Alstom Transport, notamment, quantité d’opérateurs emploient ces
technologies au quotidien. Et des structures plus modestes se lancent également.
A l’image d’Agriphar, filiale belge qui, dans le cadre de l’implémentation du
MES Aquiweb d’Astrée a opté d’emblée pour l’usage de tablettes mobiles Android
en complément de postes fixes Windows.

Les
motivations des industriels sont diverses. Certains utilisent ou veulent
utiliser le MES en mode mobile dans le cadre de l’exploitation uniquement,
d’autres pour apporter des informations au management, ou encore en support aux
agents de maintenance. « Nous envisageons de mettre en place des outils
mobiles pour éviter des tâches administratives telles que des ressaisies de
données », annonçait un industriel lors du Speed business Atelier, alors
qu’un autre déclarait « chercher à récupérer sur un site des informations
d’exploitation issues d’autres sites de l’entreprise ».

 

… mais des bénéfices assurés

Sur les
lignes de fabrication de grande taille, les outils mobiles impliquent un gain
important en confort pour les opérateurs amenés à se déplacer sans cesse pour
récolter les infirmations et alimenter les outils de suivi. Confirmation chez Roquette :
« les écrans fixés aux murs constituent un progrès par rapport aux salles
de contrôle mais ce n’est pas satisfaisant car les opérateurs doivent aller
jusqu’à l’écran. Ils préfèrent les tablettes », note un représentant de
l’entreprise.

Pour Magna Sealing
& Glass Systems, il s’agirait plutôt de proposer aux managers des moyens de
contrôler à distance le bon fonctionnement des lignes sur leur smartphone, via
la 3G. Le spécialiste des pièces en acier Ugitech étudie pour sa part la
possibilité d’utiliser des solutions mobiles au niveau des îlots de fabrication
dans les ateliers, afin « de bénéficier d’informations les plus précises
possible » et surtout, remplacer des solutions actuelles mettant en œuvre
beaucoup de papier…  Cela devrait passer
par l’emploi de tablettes récupérant des informations online. Son souci ?
Dans le groupe (Schmolz+Bichenbach) les services IT et automatisation imposent
leurs solutions, qui sont souvent très différentes, ce qui ne facilite pas la
recherche de la meilleure solution.

 

Surtout des tablettes

Sur les
appareils à utiliser, pas de doute, pratiquement tous les industriels parlent
de tablettes. Là encore, à chacun ses contraintes. Certains cherchent des
solutions légères, solides, capables de prendre des photos, de scanner des
documents, de se connecter à des équipements via NFC ou pouvant être utilisées
avec des gants…  D’autres, à l’image
d’Arysta Lifescience, travaillent dans des atmosphères explosives. Or, si les
modèles compatibles Atex zone 2 sont courants, les modèles Atex Zone 1 sont peu
nombreux. Les noms qui reviennent le plus souvent ? Panasonic et Samsung.
Cette contrainte fait dire à Laurent Brauns, ingénieur amélioration process
chez Arysta, que le choix de son entreprise pour la mobilité était également
dicté par une contrainte économique. « Une tablette Atex zone 1 coûte 2500
euros. C’est cher, mais nettement moins qu’un PC Atex zone 1 qui coûte entre
6000 et 10000 euros ! », expliquait-il le 4 juin.

 

Pas si facile

Les contraintes
liées à l’emploi des outils mobiles sont encore nombreuses. En particulier, la
notion de réseau sans fil est critique. « Même avec beaucoup de bornes
wifi, l’utilisation d’appareils mobiles avec un accès rapide aux données n’est
pas si facile », expliquait un industriel. Et dans le cadre d’application d’accès
à distance (les professionnels parlent aussi de « remote »), il faut
des écrans dimensionnés pour s’adapter à chaque outil mobile. C’est assez facile
avec des technologies modernes qui intègrent d’emblée des outils web mais pas
forcément sur des outils MES plus anciens…

Les
principaux soucis des industriels avec les appareils mobiles ? La casse et
le vol. Le premier se résout en adoptant des appareils durcis. Le second est
moins simple à régler. Certains optent pour des tablettes nominatives, en
comptant sur la responsabilité des opérateurs, d’autres expliquent à leurs
employés – c’est parfois du bluff !- que les tablettes utilisées dans
l’entreprise sont bridées, limitées dans leurs fonctionnalités et donc peu
utiles pur un usage domestique. Quid du « Bring your own device »
(BYOD), qui consiste à laisser les opérateurs utiliser leurs propres appareils ?
« Il y a encore trop de risques de compatibilité de certains programmes,
de configuration et de sécurité », répondent les spécialistes.  

 

Tous d’accord sur les gains

Si les
industriels sont partagés sur les outils à utiliser, l’ampleur des
fonctionnalités à mettre en œuvre et les solutions techniques à employer pour
s’adapter à leurs contraintes propres, un point fait l’unanimité : les  gains à en attendre de la mise en place d’une
solution de mobilité en MES. Durant ce Speed Business Atelier, pratiquement
tous les industriels interrogés avançaient le même chiffre en termes de gains
de productivité : 20% de mieux par rapport à une solution utilisant du
papier. De quoi faire réfléchir les plus récalcitrants…

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