Automatisme

Le Cetim fixe le cap

Aider les PME dans
leurs réflexions de
modernisation, tel est
l’objectif de Laurent
Couvé, chargé de la
veille technologique et
stratégique au Cetim.
Il recense les outils
en vue dans l’ouvrage
« 53 Technologies
prioritaires 2020 en
mécanique ».

Comme 2020 c’est déjà demain,
l’ouvrage du Cetim a pour
volonté d’aider les entreprises
à accélérer, à passer la surmultipliée,
comme le précise Laurent Couvé :
« notre objectif est clairement d’aider
la réflexion stratégique des PME face
aux technologies d’avenir qu’elles
vont devoir adopter dans les années
qui viennent. » Et soyez rassuré, il
s’agit bien de technologies existantes
et non de sujets futuristes. Chacune
appartient à une thématique que
nous passons ici en revue.

Priorité dans la conception

La conception n’échappe pas aux
évolutions technologies avec l’arrivée
de nouvelles méthodes de conception
comme l’Open Innovation ou le Crowd
Innovation. « Dans pratiquement tous
les secteurs industriels, pour innover,
les entreprises se tournent vers l’extérieur,
même vers des secteurs totalement
différents, afin de trouver des
idées originales et ainsi d’innover. »
A ces méthodes innovantes
s’ajoutent des technologies comme
la réalité virtuelle, qui prend toujours
plus de place « y compris
sur les aspects d’homologation
virtuelle. Aujourd’hui, les grands
constructeurs essayent de remplacer
leurs essais physiques par
de la simulation virtuelle et, ensuite,
font accepter cette simulation
comme étant gage de sécurité
d’essais physiques non réalisés. »
Si l’homologation virtuelle concerne
le plus souvent les grands groupes,
pour les PME, ce sont des technologies
comme la réalité augmentée
qui prennent le pas. « J’ai rencontré,
il y a quelques semaines, une entreprise
travaillant dans le secteur de
la forge qui a acheté des lunettes
de réalité augmentée pour certains
de ses opérateurs et les aider dans
leurs tâches. La démocratisation est
en route. »
Autre technologie à suivre : la
conception biomimétique. Elle consiste à s’inspirer d’une solution
existant dans la nature. « L’objectif
est de trouver des solutions pour
développer des concepts originaux
comme des systèmes de préhension
inspirés de trompe d’éléphants
ou imiter la motorisation
des fourmis pour les transposer
dans une application industrielle ».

Priorité dans la production

En dehors des technologies désormais
classiques comme la fabrication
additive ou la cobotique, de
nouvelles apparaissen, l’usinage
assisté, par exemple : « avec un
procédé cryogénique il est maintenant
possible de refroidir la zone
d’usinage pour faciliter ce dernier et
ainsi limiter l’usure des outils. »
Côté machines, après le cumul fraisage
et tournage, les machines multiprocédés
sont en pleine expansion.
« Il existe des combinaisons comme
l’usinage et la fabrication additive
par exemple. Le multi-procédés
est l’une des voies d’avenir, l’autre
voie étant celle des machines lowcost
avec des fonctionnalités plus
simples. Les PME auront à choisir
entre ces deux voies. »
Les matériaux font partie des technologies
prioritaires, selon Laurent
Couvé. Les évolutions dans le
domaine des composites sont bien
connues des industriels, « via les
procédés de mise en oeuvre des
composites thermoplastiques avec
des cadences bien plus rapides
que celles possibles il y a quelques
années seulement. » De quoi susciter
des mariages inattendus, comme
entre le composite et l’acier. « De
plus en plus, les industriels vont associer
des matériaux différents, par
assemblage mécanique, par collage
ou par d’autres procédés. »

Priorité dans l’automatisation

Les capteurs autonomes et communicants
seront encore plus intégrés
aux sites de production notamment
« pour récolter les données issues
des lignes de production, et les remonter.
» Il faudra néanmoins rester
vigilant et suivre les évolutions
des standards de communication,
notamment en Wifi, car, comme le
précise Laurent Couvé, « demain
les industriels auront des machines
voire des cellules indépendantes
qui communiqueront entre elles.
L’intelligence directement intégrée
dans la machine devient incontournable.
Chaque machine va communiquer
avec le reste de l’usine, aussi
bien avec les « acteurs » qui sont en
amont ou en aval de l’entreprise. »
Et dans cet avenir connecté, surveillance
et maintenance à distance
seront reines, « d’autant que les machines
s’exportent. Et ne serait-ce
que pour la maintenance à distance,
il faut mettre ces technologies à
disposition des acheteurs. »

Priorité dans le numérique

« Aujourd’hui, les grands groupes
industriels créent des directions
« data scientist », afin de muscler
leurs capacités à traiter de grands
volumes de données. » Cette communication
à outrance, nous mène
inéluctablement vers les notions de
calcul intensif, le HPC, les supercalculateurs
ou le big data. Mais estce
que la France sait « faire parler »
les données ? « Elle peut s’appuyer
sur quelques laboratoires nationaux
compétents, mais nous n’en
sommes qu’au stade des donneurs
d’ordres, les PME sont assez loin de
maîtriser, voire de comprendre, les
apports du big data. »
A l’inverse les PME ont, semblet-
il, bien intégré les technologies
mobiles. « Les entreprises ont
rapidement compris ce que la
mobilité pouvait apporter à leurs
salariés ou à leurs clients. Au
Midest, Redex détaillait une application
pour smartphones destinée
à mieux utiliser les réducteurs.
Elle est devenue un vecteur
de fidélisation. »
Reste les contraintes de sécurité,
notamment « la peur de confier
ses données et par conséquent de
ne plus les maîtriser. A qui appartiennent-
elles ? Qui les protège ?
Cela suppose l’émergence de nouveaux
métiers dans les entreprises,
comme cyber-surveillant. » Parmi
les technologies associées, à noter
l’authentification multi-facteurs
« une solution pour « craquer » la
contrefaçon, y compris chez des
industriels mécaniciens qui ne font
pas forcément des produits de
luxe. »

Priorité dans le développement
durable

Le développement durable fait maintenant
partie intégrante des préoccupations
des industriels. Ils cherchent
à réduire leur consommation mais
se passionnent également pour des
technologies comme les matériaux
et fluides bio-sourcés. « C’est un
sujet intéressant mais pas toujours
viable sur le plan économique. »
Chez les mécaniciens, on parle
même de « lubrification raisonnée. »
Laurent Couvé explique : « cette recherche
d’utiliser le moins de fluide
possible, voire d’usiner à sec, permet
d’éviter de recycler trop de fluide. »
Dans son ouvrage sur les technologies
prioritaires, la vision de
2020 n’est pas que technologique.
On y parle également de gestion
des connaissances et des compétences,
« un thème prioritaire dans
lequel il y a peu de progrès, peu
d’outils qui permettraient à une entreprise,
facilement, de capitaliser
ses connaissances, de gérer ses
compétences… ».

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