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LE COLLABORATIF

S’IL NE FALLAIT CITER,
QU’UN SEUL ÉQUIPEMENT
EMBLÉMATIQUE DE
L’INDUSTRIE DU FUTUR, CE
SERAIT À L’ÉVIDENCE LE ROBOT
COLLABORATIF. ALORS QUE
LES INDUSTRIELS NE CESSENT
D’AFFIRMER QUE L’HUMAIN EST
LA PRÉOCCUPATION MAJEURE
DANS L’ÉVOLUTION EN COURS,
LA PLACE DE LA ROBOTIQUE
DOIT ÊTRE ENTIÈREMENT
REPENSÉE.

Mettre l’humain au cœur de l’usine, c’est
repenser sa place dans un environnement
recélant des conditions de
fonctionnement qui peuvent lui être
hostile. Il n’existe pas un secteur industriel
qui ne traite des composants toxiques ou
qui ne manipule des objets dont la perte
de contrôle peut aboutir à un accident
mortel. Et nombre de machines de
production comportent des pièces et des
parties mouvantes qui ne peuvent
fonctionner qu’à l’abri de barrières ou de
carters de protection destinés à garantir la
sécurité des opérateurs.

Les robots n’échappent pas à cette règle
puisque d’une part, ils transportent des
charges qui outre leur poids, peuvent
présenter des angles vifs ou des parties
coupantes et de l’autre, que le
déplacement de leurs parties mobiles
s’effectue à des vitesses dangereuses
pour l’homme en cas de chocs. Or, c’est
précisément la célérité et la répétitivité
avec lesquelles les robots sont capables
d’accomplir les tâches qui leur sont
dévolues, qui les rendent si compétitifs
dans l’industrie. Si les robots sont jusqu’à
présents des éléments essentiels de
l’accroissement de la productivité et donc, de la compétitivité des entreprises
industrielles, ces gains s’effectuent à
l’intérieur de cellules sécurisées par des
barrières qui confinent les robots dans des
îlots inaccessibles à l’homme pendant les
phases de travail.

OUBLIER LES MOTS,
HARASSSANT, POUSSIÉREUX ET
DANGEREUX

Le robot est incontestablement doué
pour accomplir les tâches répétitives,
nécessitant de déployer une force
mécanique dont l’homme est incapable
ou dont la fréquence ne manquerait pas
d’entraîner une fatigue nuisible à sa santé
physique.

Imaginons une pièce mécanique de taille
moyenne, pesant de 6 à 10 kg et qui subit
une opération d’assemblage ou de contrôle durant de trois à cinq minutes ; à
la fin de la journée la charge totale
déplacée évolue dans une fourchette
comprise entre 0,5 et 1,5 tonne. Ce qui
n’est qu’une formalité pour un robot de
faible charge, se révèle être une tâche
harassante pour un opérateur soumis à la
même cadence avec de sérieux risques de
développer des troubles
musculosquelettiques (TMS) à brève ou
moyenne échéance.

Et il n’y a pas que le seul déplacement de
charge en cause… un opérateur ou une
opératrice qui une journée durant, met en
place ou assemble des éléments de faible
taille et éventuellement fragiles, va
accumuler au fil des heures une fatigue
nerveuse, source d’une irritabilité et d’une
baisse d’attention qui vont augmenter les
erreurs et donc les retards, voire les rejets
en fin de chaîne. Là encore, le robot agit
sans réfléchir et sans ressentir la fatigue.

La comparaison est encore plus nettement défavorable à l’homme
dans les situations qui exposent l’opérateur à la chaleur, à une
humidité extrême ou pire encore, à des fumées, des poussières,
des particules fines, des solvants, des effluents, des gaz…

INTERAGIR PLUS ÉTROITEMENT AVEC LA MACHINE

Si les robots sont certes capables d’être à la fois rapides, précis et
dans une certaine mesure, infatigables, il leur manque les sens et le
discernement. Et c’est bien là que l’humain garde la suprématie sur
la machine.

Quand bien même un robot serait demain doté de caméras qui lui
apportent une vision numérique, le robot reste conçu pour une
tâche ou un type de tâches relativement précis. Hors de ce cadre
– souvent strict – il dépasse ses capacités d’intervention. L’humain
est capable de s’adapter à une infinité de situation, il est inventif et
créatif… ce qui n’est évidemment pas le cas de la machine.
Dans une industrie où le seul objectif a été de produire des biens en
volume toujours plus importants, plus vite et à des coûts toujours
plus faibles, la répétabilité a été le principal moteur du
remplacement des ouvriers par les machines.

L’Industrie 4.0 approche la production sous un angle
radicalement différent. Ayant intégré les gains de
productivité promis par l’automatisation et la
robotique, les entreprises se tournent désormais
vers une spécialisation, voire une
personnalisation des produits qui vont entraîner
la multiplication de lots de fabrication
différenciés. Partant, il faut à la fois anticiper les
modifications que cela nécessite dans les processus
et renforcer le suivi des produits tout en ayant, la
capacité de réaliser des opérations spécifiques
sur quelques dizaines ou même, un seul produit.
Ici, ce sont les capacités de discernement,
les facultés de jugement, le bon sens et
la sensibilité de l’opérateur ou de
l’opératrice qui apportent un indéniable avantage en termes de productivité mais aussi, dans
l’assurance de la conformité et de la qualité du produit fini.

Cette machine, c’est le robot collaboratif ou, cobot. Equipé d’un
seul bras ou de deux pouvant agir simultanément, il est
positionné à proximité de l’opérateur qui déclenche
manuellement une séquence ou intervient directement dans la
programmation d’une tâche. Associés à d’autres outils, la
robotique collaborative permet de redonner de l’agilité à
l’appareil de production et une plus grande flexibilité dans
l’organisation des groupes de travail. D’autres techniques de
management valorisant la connaissance des intervenants
comme le lean, donnent l’opportunité aux salariés de valoriser
leur intelligence individuelle et collective pour reprendre
l’initiative dans l’optimisation et l’organisation du travail.
Dans la logique de l’Industrie 4.0, la robotique collaborative
permet aux entreprises de s’ouvrir à de nouveaux marchés tout
en continuant à produire en France.

Thierry PIGOT

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