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L’usine … C’est magique !

A l’occasion de la 7e édition de Bpifrance Inno Generation, le 7 octobre dernier à Paris, notre ministre de l’Industrie, Me Agnès Pannier-Runacher, a estimé à l’occasion d’une prise de parole, je cite, que « l’industrie était l’un des rares endroits où l’on trouve encore de la magie ».

Que n’avait-elle pas dit !

Les commentateurs, les réseaux sociaux et toutes celles et ceux prompts à déverser leur fiel sur nos élites, se sont étranglés et précipités pour la déclarer à côté de la plaque, coupée du monde réel, en un mot « hors sol ».

Si l’on reprend l’intégralité de son propos, elle disait très précisément : « J’aime l’industrie parce que c’est l’un des rares endroits au XXIe siècle où l’on trouve encore de la magie. La magie de l’atelier où l’on ne distingue pas le cadre de l’ouvrier, on ne distingue pas l’apprenti de celui qui a trente ans d’expérience, où l’on ne distingue pas celui qui est né en France il y a quarante ans et celui qui est arrivé par l’accident d’une vie il y a quelques jours ».

Et d’ajouter : « La fierté de travailler dans l’entreprise, la fierté de travailler dans l’usine, pour qu’on dise que lorsque tu vas sur une ligne de production, ce n’est pas une punition, c’est pour ton pays, c’est pour la magie et c’est ça que vous pouvez rendre possible ».

Hors de son contexte, la phrase a pu surprendre, interpeller, voire déranger.
Il est vrai que tout à chacun ne pense pas forcément à l’usine comme un monde magique, merveilleux. Mais, dans son contexte – un raout d’une journée où l’on promeut l’entreprenariat, l’innovation – la déclaration de la ministre n’avait rien de choquante !

Rappelons tout de même le titre exact de l’auteure de ces paroles : Ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie.

La relance … Tout est là

Me Agnès Pannier-Runacher, et ses collègues de Bercy, passe leurs journées à mettre en œuvre, promouvoir la relance et les plans successifs pour l’accélérer, l’intensifier et booster l’économie française mise à mal après les crises sanitaires et économiques. C’est son job !

Alors, ses propos, prononcés devant ce public, des milliers de personnes qui font ou veulent faire du business, auraient-ils du faire couler autant d’encre ?

Assurément, non. Car, pour les avoir côtoyés à l’Accor Arena ce jour-là, je peux vous assurer qu’ils étaient galvanisés par la magie du business, eux …
Et au risque de passer pour un flagorneur, je ne suis pas loin de penser comme Madame la ministre de l’industrie.

Avec Jautomatise, Cad Magazine et les caméras de Manufacturing.fr, nous rencontrons au quotidien, partout en France, des femmes et des hommes qui, dans leurs usines, produisent, développent et innovent avec beaucoup d’entrain, d’envie et de passion. Il n’est pas question de nier certaines réalités de l’atelier, avec des métiers pénibles exercés dans des conditions, parfois, difficiles. Mais pour échanger souvent avec ceux que nous rencontrons. Tout est là ! De l’ouvrier sur sa ligne de production, au contremaître jusqu’au directeur de l’usine, je note chez eux souvent beaucoup d’enthousiasme et, osons le dire, beaucoup de fierté à faire ce qu’ils font.

L’usine de 2021 n’est plus celle de Zola ou de Dickens, et même s’il reste énormément de progrès à faire en matière de fatigabilité et de pénibilité, les conditions de vie au travail s’améliorent de jour en jour.

Alors, à la place de Madame la Ministre, au lieu de la magie de l’usine, j’aurais juste évoqué l’enthousiasme de ceux qui conçoivent, créent et produisent partout en France.

Et à l’idée de les retrouver, notamment à l’occasion du Manufacturing Tour, dont nous planifions le programme 2022 actuellement, je partage leur contentement et leur plaisir de se rendre au quotidien à l’usine …

N’en déplaise à celles et ceux qui, fort probablement, n’y ont jamais mis les pieds.

Philippe RENAUDINEAU
Directeur des publications du groupe CiMax

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