EconomieRobotique

Quatre questions à Stefan Lampa, Président du conseil d’administration de KUKA Roboter

A l’occasion du salon
Automatica qui s’est déroulé
à Munich en juin dernier, la
rédaction de Jautomatise
a rencontré Stefan Lampa,
CEO de Kuka Roboter. Il n’a
pas hésité à affirmer que le
marché français occupe une
place prépondérante dans la
stratégie de l’entreprise qu’il
préside. Morceaux choisis…

Comment percevez-vous le
marché français chez Kuka
Roboter au plan stratégique ?

Le marché français a toujours été
important pour Kuka. Nous avons de
bonnes relations avec les constructeurs
automobiles en France. Il
vient d’y avoir quelques années de
ralentissement dans le passé récent
mais nous nous attendons à un futur
plus solide. Par exemple, la demande
des constructeurs et celles de leurs fournisseurs sont en croissance et
nous sentons que certains secteurs
de l’industrie française sont extrêmement
positifs en matière de robotisation
de leurs procédés d’assemblage.

Nous travaillons évidemment de
longue date avec les groupes Renault
et PSA. Mais nous sommes aussi très
proches de leur réseau de fournisseurs
où l’on trouve des entreprises
remarquables comme Faurecia.
Nous sentons que leur intérêt pour
l’automatisation est très élevé et le
recours à la robotisation est désormais
au centre de leur champ de
préoccupation, c’est pourquoi nous
sommes si confiants dans l’avenir du
marché français.

Et que pensez-vous de la politique
française de renouveau
industriel appelée « Industrie
du Futur » qui est sensiblement
semblable à la démarche
« Industrie 4.0 » existant en
Allemagne ?

Je dirais que toute action du gouvernement
qui encourage l’amélioration
de la productivité dans l’industrie est
une bonne chose. Par conséquent,
j’apprécie vraiment que le gouvernement
français se soit investi pour
réellement stimuler le renforcement
de l’appareil industriel afin de
s’assurer qu’une part croissante de
la production soit réalisée en France.
C’est exactement le genre de valeurs
que nous partageons totalement chez
Kuka, aider les productions locales
à rester locales parce que c’est
essentiel.

Nous aimerions avoir votre
point de vue sur ce que l’IoT
apporte à la robotique ?

Vous savez, connecter le robot au
cloud qu’il s’agisse d’une ressource
partagée localement ou sur Internet,
rend possible l’existence d’une foule
de nouveaux services. Avant tout,
vous pouvez rendre des données
accessibles pour un grand nombre
de nouveaux intervenants et donc, un
grand nombre de cerveaux peuvent
se pencher sur ces informations pour
les analyser et créer de l’amélioration
de manière continue ; il peut s’agir de
productivité, de maintenance… Vous
pouvez même aller jusqu’à faire des
prédictions sur l’entretien courant
au point que le robot ne sera pas
arrêté parce qu’un élément tombe en
panne puisque vous allez intervenir
avant que cela se produise. On peut
aujourd’hui faire de la maintenance
prédictive dans l’activité réelle et plus
seulement comme une simulation.
En faisant cela, vous permettez à des
intervenants d’apporter leur intelligence
et de l’imposer au robot et
à l’automate ; c’est un changement
radical qui va profondément bouleverser
le jeu des rapports entre
l’homme et la machine dans les
années à venir.

Est-ce que cela veut dire que
par exemple, Kuka va investir
en R&D dans l’intelligence
artificielle ?

Absolument ! Nous regardons
de très près un certain nombre
d’entreprises engagées dans le
domaine de l’intelligence artificielle
pour comprendre comment
nous pouvons tirer parti de leurs
connaissances parce que certains des
algorithmes qui existent aujourd’hui
peuvent être extrêmement utiles à la
robotique. Nous regardons comment
ces personnes travaillent et nous
mettons en place des partenariats et
nous envisageons sérieusement les
opportunités d’investissement dans
ce secteur.

Des noms ?

Je ne vous en donnerai pas… nous les
gardons jalousement pour nous parce
que je ne veux pas qu’en en parlant,
le prix de ces entreprises grimpe en
flèche. Mais je peux vous dire qu’il
existe un grand nombre de start-up qui ont de grandes compétences et
que nous suivons leurs travaux avec
la plus grande attention.

En conséquence doit-on
s’attendre dans les mois
qui viennent à de nouvelles
stratégies et à de nouveaux
produits de la part de Kuka ?

S’agissant des mois qui viennent,
beaucoup de choses sont en train
d’arriver. Regardez ne seraitce
que le marché français sur
lequel nous sommes extrêmement
concentrés. Nous allons y apporter
des robots prêts à l’emploi,
facile à programmer et à utiliser. Il
s’agit d’offres dédiées pour sceller,
souder, surfacer et d’autres spécificités
encore… Pourquoi est-ce
si important ? Parce que le temps
de mise en oeuvre d’un robot prêt
à l’emploi sera considérablement
réduit, ce qui fait évidemment drastiquement
chuter le coût d’intégration
de la solution dans l’appareil de
production.

Voilà le genre de choses sur
lesquelles nous concentrons notre
savoir-faire en direction du marché
français… nous songeons aussi à
la mobilité et bien sûr, nos robots
collaboratifs reçoivent un excellent
accueil en France et nous recevons
énormément de demandes pour ces
produits aujourd’hui.

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