Robotique

Reis et les robots hybrides

Lors du dernier Automatica à Munich, rencontre avec Michael Wenzel, General Manager et Patrice Robinot, Directeur commercial pour la France de Reis.

Jautomatise : Reis a une place à part sur le marché de la robotique, en quelques chiffres peut-on recentrer votre entreprise ?

Nos ventes en terme de robots sont de 800 robots par an. Mais le plus important c’est que, contrairement à la grande majorité de nos compétiteurs, Reis est et restera un fournisseur de solutions et non un fournisseur de robots en caisse. Notre métier c’est l’intégration dans des applications industrielles de nos propres robots.

Et cela, même s’il nous arrive d’intégrer parfois des robots de nos confrères pour finaliser des applications, cela sous certaines conditions. A contrario, il nous arrive également de fournir des mécaniques robots à des intégrateurs extérieurs. Mais ces ventes ne représentent que 2 à 3 % du total.

 

Jautomatise : Ce choix d’une entreprise de robotique qui est également intégrateur ne vous empêche-t-il pas d’exporter ?

Sur le continent européen, chaque pays possède toutes les compétences commerciales ou techniques, mais la réalisation des applications est confiée au siège Allemand. C’est cette procédure qui est mise en œuvre sur le marché français où nous venons déjà d’atteindre les objectifs que nous nous étions fixés pour l’année 2006.

Pour des pays plus lointains, nous concluons des accords. C’est ce qui vient d’être fait avec la Chine en créant une Joint Venture avec une entreprise chinoise. C’est une approche similaire qui a prévalu aux Etats-Unis, ce qui nous a permis de progresser dans les applications laser par exemple.

Notre objectif hors-Europe est d’atteindre les 30 % de part de notre chiffre d’affaires, qui se monte actuellement à 120 Millions d’euros. Nous n’en sommes encore qu’à environ 20 %. Néanmoins, il faudrait pondérer ce chiffre. Le nombre de robots implantés hors-Europe est plus important et se rapproche des 40 à 50 % des ventes. Beaucoup de clients commandent sur le sol européen des installations qui sont livrées au Mexique ou ailleurs.

 

Jautomatise : Pour la partie purement robotique, quelles sont vos nouveautés ?

Nous présentons cinq nouveaux robots qui remplacent une gamme de quatre robots dans la catégorie des moins de 30 kilos. Nous comblons ainsi le créneau des 26 kilos inexistant auparavant dans notre offre. Qu’elles permettent de manipuler des charges de 6, 16 ou 26 kilos ces nouvelles mécaniques peuvent tourner sur 360 degrés et non plus sur 330 degrés. Mais surtout ce sont les vitesses qui augmentent sensiblement avec globalement + 20 % de rapidité, grâce à des mécaniques encore plus rigides.

Dans le domaine du laser, nous enrichissons également notre offre. Nous avions rajouté une source 2 KW de Trumf directement sur le bras du robot, une application qui nous a permis de commercialiser déjà plus de 150 cabines de découpe laser CO2. Avec le robot Laser RV16L-CO2, nous intégrons une nouvelle conception du guidage du faisceau Laser jusqu’au poignet avec 4 miroirs seulement. Le robot est doté d’un axe additionnel (axe 6), pour l’utilisation éventuelle d’un apport de métal ou de capteurs comme par exemple le suivi de joint ou le contrôle de process. La source laser CO2 embarquée ne se trouve plus, comme auparavant, sur l’axe 3 du robot sphérique, mais sur le côté de l’axe 2. Ce positionnement, proche de la base du robot, permet l’utilisation de sources laser encombrantes et lourdes, pouvant atteindre un poids de 400 kg sans restreindre le rayon d’action du robot. Le guidage du faisceau laser intégré passe jusqu’au poignet par l’intermédiaire des axes de rotation 3 à 5, les miroirs étant refroidis. Egalement présent sur le salon, un portique trois axes équipé de moteurs linéaires, de quoi atteindre de grandes vitesses de déplacement, tout en maintenant la précision.

Autre nouveauté, c’est l’arrivée de la fonction de sécurité " Safe production ", intégrée à la commande Robostar V, qui permet à l’opérateur de rester à proximité immédiate du robot pendant le fonctionnement en automatique.

Dans ce mode de fonctionnement, la vitesse des axes du robot est réduite pour préserver la sécurité des personnes et leur surveillance est assurée de façon redondante par un " Safety Controller ", c’est l’organe central de cette technologie. Ce composant de la commande du robot est affecté à la surveillance permanente de la position et de la vitesse des axes du robot. Les informations de positions absolues issues des variateurs sont mises à la disposition du Safety Controller à travers un bus Can, sur deux canaux indépendants, ce qui permet un contrôle de cohérence permanent. Le Safety Controller détecte tout dépassement de la vitesse programmée pour la sécurité des personnes, tout écart de positionnement du robot par rapport à des zones de travail autorisées, ou encore toute dérive par rapport à une position de sécurité et immobilise immédiatement le robot. Il est par contre indispensable que les échanges d’informations de la commande soient gérés conformément aux normes de sécurité EN 954-1, Classe 3.

 

Jautomatise : Pourquoi, dans votre offre robotique, ne trouve-t-on pas de robots Scara ou de robots spécifiques de palettisation ?

Reis n’est pas un fournisseur de robots nus, aussi nous ne développons que des machines qui répondent à la demande de nos clients. Or aujourd’hui, nous ne sommes pas dans le métier du petit assemblage, c’est la raison pour laquelle vous ne trouverez pas de robots Scara dans notre catalogue. Nous optimisons les métiers que nous connaissons, et soyez sans crainte le potentiel d’applications de manutention, de chargement/déchargement, de laser, de soudage … est loin d’être arrivé à saturation. C’est du moins ce que montrent les études que nous avons menées et qui précisent que la demande se situe dans les robots de plus de six kilos de charge transportable.

Reis, comme beaucoup de sociétés allemandes, se veut pragmatique. Dans la phase de développement de nos robots, nous cherchons à constituer des éléments standards. C’est ainsi que nous commercialisons, dans le domaine du chargement/déchargement de presses, un robot constitué des cinq derniers axes d’un sphérique, l’axe 1 étant remplacé par un axe linéaire suspendu. C’est ce que nous appelons en interne les robots hybrides. Cette approche n’est pas marginale chez nous. Notre offre de robots linéaires et de robots hybrides est prépondérante et représente pratiquement la moitié de nos ventes. Cette spécificité nous permet, dans le cas d’applications de packaging dans un seul plan, de proposer une solution constituée d’éléments linaires, avec une rapidité et une précision sans commune mesure avec un robot dédié.

C’est le plus souvent parce qu’ils n’ont pas d’offre de robots linéaires que nos concurrents en sont arrivés à développer des robots spécifiques.

 

Jautomatise : Vous faites la promotion d’une nouvelle association européenne de robotique, pourquoi ?

Lorsque Walter Reis était président de l’IFR, il a voulu orienter cette association mondiale vers le monde industriel. Tout le monde a beaucoup discuté sur ce projet, mais jamais rien n’en est sorti. C’est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés à soutenir l’Association européenne Eunited, qui devrait être plus proche de ce que nous attendons d’une association de robotique. L’IFR est devenue beaucoup trop théorique et universitaire. Il nous fallait un équivalent européen à la Jara (l’association japonaise) et au RIA (l’association américaine), pour traiter les véritables problèmes des industriels.

Propos recueillis par Guy Fages

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